Les facteurs socio-économiques ont certes été un moteur important des mouvements de protestation dans la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord (MENA) en 2010/11 mais la plupart des pays continuent de suivre un modèle économique néolibéral. Certains gouvernements ont pu assurer la paix sociale grâce aux revenus rentiers, mais cela avec de moins en moins de succès en raison de la baisse du prix du pétrole. Les déficits structurels de la politique économique, tels que la forte dépendance à l'égard du secteur énergétique, la nécessaire réforme de la politique du marché du travail, la faible productivité et le faible taux d'industrialisation, deviennent ainsi de plus en plus évidents.
En raison de difficultés économiques et financières, de nombreux pays de la région ont dû faire appel au soutien d'institutions financières internationales telles que la Banque mondiale ou le Fonds monétaire international (FMI). Ce soutien financier était soumis à des conditions d'ajustement structurel qui étaient censées accroître la compétitivité internationale entre pays. Cependant, la libéralisation, la privatisation et la réduction des services publics ont eu pour effet secondaire d'accroître les inégalités sociales. La croissance économique a profité à une petite élite bien connectée et à des structures de pouvoir clientélistes bien ancrées.
L'accroissement des inégalités sociales dans la région a un impact négatif sur le développement des pays respectifs, non seulement sur le plan économique, mais aussi sur le plan social et politique. L'inadéquation des systèmes de sécurité sociale, qui doivent être réformés, l'augmentation spectaculaire de l'emploi informel et les vaines espérances de promotion sociale par l'éducation entraînent une résignation croissante et un manque de perspectives, en particulier chez les jeunes.
Avec son projet régional intitulé Politiques économiques pour la justice sociale, et basé à Tunis, la Friedrich-Ebert-Stiftung (FES) vise à relancer le débat sur la politique économique dans la région. Au lieu de laisser la discussion s'enliser dans l'ornière des mesures d'ajustement structurel et d'austérité considérées comme "sans alternative", il convient d'envisager de véritables solutions de rechange en matière de politique économique. Celles-ci devraient contribuer à renforcer la justice sociale dans les économies de la région.