La région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (MENA) est actuellement le théâtre de nombreux conflits parmi les plus meurtriers du monde, de nombreuses tensions ethniques et sectaires non résolues, ainsi que de l’ingérence des puissances mondiales et régionales. À la suite du soi-disant « Printemps arabe », la fragmentation et l’instabilité se sont aggravées dans de nombreux pays de la région. Alors que l’ancien ordre politique s’érode, la région manque d’un concept alternatif d’ordre politique qui pourrait créer un cadre pour la sécurité, la paix et la prospérité dans la région.
Un développement durable et des institutions démocratiques stables dans la région MENA ne pourront être atteints que lorsque tous les conflits meurtriers ou non meurtriers dans la région seront politiquement résolus, lorsque les causes profondes des conflits seront abordées et lorsque toutes les parties en conflit et la société civile affectée seront inclus dans ce processus.
Dans ce contexte, la Friedrich-Ebert-Stiftung (FES) a identifié la recherche d’une architecture de sécurité régionale viable comme condition préalable indispensable à une plus grande stabilité dans la région. Une architecture de sécurité régionale inclusive devrait permettre aux différents acteurs de régler leurs différends dans un cadre plus pacifique, au service de tous les habitants de la région.
Alors que la question de la paix et de la sécurité dans la région MENA semble plus que jamais d’actualité, notamment en raison des répercussions de ces crises qui ont touché le cœur de l’Europe avec des milliers de réfugiés, de nombreux acteurs nationaux et internationaux œuvrent dans ce domaine. Grâce à son travail dans la région depuis plus de 50 ans, la FES peut toutefois bénéficier d’un réseau bien établi d’acteurs politiques et de la société civile.
Selon notre observation, l’absence de participation des acteurs de la société civile au débat sur la paix et la sécurité dans la région est l’un des principaux obstacles à la recherche de solutions durables. La FES a pour objectif de renforcer le discours sur la paix et la sécurité dans la région, en mettant l’accent non plus sur les questions de sécurité strictes mais sur des aspects plus souples et plus inclusifs, tels que la participation en général et le rôle des minorités.
Les trois lignes de travail du projet régional FES sur la paix et la sécurité dans la région MENA reflètent ces hypothèses générales.
L’une des priorités du projet est l’évolution du rôle de l’Iran, qui est l’une des plus importantes puissances régionales, largement isolée dans la région et néanmoins impliquée dans la plupart des conflits. Le dialogue avec et sur le rôle que l’Iran peut jouer ou joue actuellement dans la région, avec un accent particulier sur l’inclusion de l’Iran dans une architecture de sécurité régionale, est l’un des objectifs clés du projet.
Dans une région où les conflits profonds persistent depuis des décennies et où règne le sectarisme, il est essentiel de renforcer la confiance et de définir des intérêts communs en matière de sécurité pour mener à bien les activités de règlement pacifique des conflits aux niveaux national et régional. La FES contribue à ce dialogue en organisant une série de réunions et d’événements au cours desquels toutes les parties prenantes et leurs intérêts sont pris en compte afin d’assurer la représentation et l’inclusion.
La plupart des discours relatifs à la sécurité dans la région sont dominés par les élites politiques et le personnel de sécurité, qui ne donnent pas nécessairement la priorité à une gouvernance démocratique de la sécurité. Les organisations de la société civile sont principalement exclues de ces discussions sur des questions telles que les droits de l’homme, l’état de droit et le contrôle démocratique des forces de sécurité. Par conséquent, un débat sur ces sujets aux niveaux national et régional et le soutien à la réforme du système de sécurité démocratique constituent la troisième priorité de ce projet.