La liberté d’expression, le sentiment de sécurité, l’accès à l’emploi, le droit à la santé, l’organisation de pouvoirs démocratiques représentatifs des intérêts de la population figurent, entre autres, parmi les revendications exprimées par la population tunisienne et sont indispensables pour assurer les conditions d’une vie digne. D’autres dimensions non moins importantes portent sur les conditions de vie matérielles de la population tunisienne ; c’est essentiellement sur cette question que porte ce projet pilote de recherche. A l’inverse des analyses de la pauvreté qui identifient les populations en situation d’exclusion, le Budget de la dignité vise à définir, par un consensus citoyen, un seuil d’inclusion, c’est-à-dire un seuil minimal au-dessus duquel chacun se verrait garantir les ressources nécessaires pour mener une vie digne, sans courir le risque de privations.
Ce projet de recherche s’appuie sur une méthodologie innovante (Minimum Income Standards - MIS) initialement développée par des chercheurs britanniques depuis une dizaine d’années (Bradshaw et al., 2008). Elle a été reprise dans un certain nombre de pays, dont la France notamment, et expérimentée dans des projets pilote au Mexique et en Afrique du Sud. C’est la première fois qu’une étude de cette nature est conduite dans le monde arabe. Pour mener à bien ce projet, trois institutions ont décidé d’associer leurs ressources et leur expérience. L’Institut de recherches économiques et sociales (IRES), qui a été étroitement associé à ce type de recherche en France, a assuré la coordination scientifique du projet. L’équipe d’International Alert (IA) a été la cheville ouvrière de la recherche. La Fondation Friedrich Ebert (FES) a également apporté son soutien à cette recherche, comme elle l’a fait dans un précédent projet pilote de même nature en Afrique du Sud.
Ces trois partenaires ont constitué un comité de pilotage qui a défini les grandes options du projet et assuré son suivi à chaque étape de la recherche. Compte tenu des moyens limités disponibles pour ce projet pilote, il a été décidé de s’intéresser aux besoins d’une famille type composée d’un couple avec deux enfants et vivant dans la métropole du grand Tunis. Ce projet pilote est donc loin d’être représentatif de l’ensemble des situations que l’on peut rencontrer sur le territoire tunisien. Il présente cependant l’avantage d’être suffisamment significatif pour dégager de premiers enseignements utiles pour le débat public.
Le montant global du Budget de la dignité pour la famille-type retenue à travers ce projet pour une famille avec deux enfants de 7 et 14 ans vivant dans le Grand-Tunis s’élèverait, au minimum, à 2.400 DT par mois. Il s’agit ici d’un budget mensuel moyen qui prend en compte le fait que certaines dépenses peuvent être plus importantes sur certains mois de l’année (fêtes, périodes scolaires). A cet égard, le salaire minimum reste aujourd’hui très inférieur au seuil qui assurerait des conditions de vie dignes aux travailleurs et à leurs familles. Le Budget de la dignité pour une famille avec deux enfants représente environ 6 fois le montant du salaire minimum actuel. Dans l’hypothèse où les deux membres du couple ont un emploi à temps plein, le salaire minimum devrait être multiplié par 3 environ pour permettre à la famille d’accéder à des conditions de vie décentes.
Loin d’être un point d’aboutissement, cette recherche vise avant tout à nourrir le débat sur l’exigence de dignité parmi les acteurs sociaux et politiques.
Communiqué de presse
Note de synthèse du rapport
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Publications
Powers, Colin
The political economy of social and health (in)security
LaMarsa, 2024
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Rehbein, Kristina
Understanding IMF debt sustainability analyses
LaMarsa, 2023
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Egypt, the IMF and three subsidy approaches: the universal, the self-targeted and the targeted
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