Les pays du monde entier font face aux répercussions de l'épidémie Covid-19, en fonction de leurs besoins et de leur capacité de réaction. Actuellement, le Maroc présente plusieurs défis économiques et sociaux.
Le travail de soins effectué de manière disproportionné par des femmes les surexpose au virus et fait augmenter, de manière exponentielle, le risque d’infection chez elles. En ce qui concerne le travail rémunéré, d’après l’ONU-Femmes Maroc, les marocaines représentent 57% du personnel médical et 66% du personnel paramédical. Quant au travail de soins non rémunéré, la charge supportée par les femmes s’intensifie aussi en raison de la surcharge du système sanitaire et de la fermeture des écoles ce qui ne reste pas sans conséquences négatives au niveau de leur santé physique et psychologique.
Par ailleurs, on peut dire que les néfastes effets économiques de la pandémie ne sont pas non plus égaux sur les hommes et sur les femmes ayant un impact davantage nuisible sur ces dernières. Au fait, les marocaines, toujours d’après l’ONU Femmes Maroc, sont énormément touchées par la précarité : « environ 50% de l’emploi féminin est non rémunéré (2/3 sont des femmes rurales) et 70% sont en emploi peu ou pas qualifié, contre 50% des hommes ». En ces moments de crise sanitaire, les mesures prises par les autorités pour la contrer, telles que le confinement, empêchent beaucoup de femmes travailleuses vulnérables, dont un nombre non négligeable exerçant dans le secteur informel, de réaliser leurs activités économiques. Des femmes travailleuses domestiques, des serveuses, des vendeuses, ou encore des femmes travaillant dans le secteur des soins esthétiques ont vu leurs revenus disparaitre totalement et, dans la plupart des cas, elles ne sont pas couvertes par le système de protection sociale. En plus de cela, l’ONU Femmes Maroc souligne que nombre de femmes risquent sérieusement d’être expulsées du marché du travail aussi à conséquence de la fermeture des écoles les obligeant à s’occuper de ses enfants et de leur éducation à longueur de journée.
Le COVID – 19 et notamment les restrictions des déplacements et le confinement qu’il a entrainés sont en train d’avoir de sérieuses conséquences sur les femmes victimes de violences dans le cadre familial et notamment conjugal. Ainsi, selon l’Association marocaine des droits humains, « les foyers sont devenus des lieux fermés, qui ne peut être quittés sans autorisation, se transformant en des espaces dans lesquels la violence conjugale augmente, et qui ne sont pas sûrs pour les femmes et les enfants ».
Ces restrictions a considérablement réduit la participation de ces jeunes au débat public en limitant ainsi leurs capacités à influencer les décisions des autorités publiques, notamment celles liées aux libertés individuelles et la liberté d’expressions.
Aussi cette situation a un impact global sur l’emploi au Maroc, surtout l’emploi des jeunes qui est habituellement plus important et le sera plus encore plus avec les conséquences de la pandémie COVID19, surtout l’employabilité des femmes et leur vulnérabilité ; face à la réalité économique il se peut aussi que les jeunes femmes ciblées par le projet se désengagent de la politique momentanément ou définitivement.
Le maroc a entrepris une multitude de mesures pour lutter contre la propagation du Corona virus depuis l’annonce du premier cas testé positif au Covid-19. Ainsi, l'état d'urgence sanitaire a été déclaré le 20 mars dernier pour une période d'un mois renouvelable.
Dans ce cadre, les acteurs et les ONG de défense des droits humains ont appelé au suivi de la mise en oeuvre desdites mesures par les pouvoirs publics, notamment le respect de l'approche droit.
Ces acteurs suivent avec un oeil critique les procès des citoyens poursuivis en justice après avoir diffusé, sur la toile, des propos mettant en doute l'existence du Corona virus.
Dans le même sens, la présentation du ministère de la justice du projet de loi n° 22.20, relatif à l’utilisation des réseaux sociaux, des réseaux de diffusion et réseaux similaires, a fait couler beaucoup d'encre. Le qualifiant de "loi-bavette", les internautes ont mené des compagnes de mobilisation pour inciter le gouvernement à retirer le projet de loi avant sa discussion au parlement.
Les jeunes au Maroc sont considérés comme l'une des catégories sociales les plus touchées par les conséquences économiques du coronavirus. Selon le HCP, 57% des entreprises ont arrêté leurs activités début avril, ce qui signifie que des milliers de jeunes ont perdu leur emploi, en particulier celles et ceux travaillant dans les secteurs des services, du tourisme, de l'hôtellerie, de la restauration et du commerce...
L’Etat a annoncé son plan pour soutenir les différents secteurs touchés par les impacts de la crise.
Pour cela, un fonds spécial coronavirus, a été créé pour distribuer des aides financières aux ménages du secteur informel dont ont une très grande majorité est constituée de jeunes hommes et femmes.
Les hommes et femmes migrant(e)s notamment ceux et celles séjournant dans leurs pays d’accueil/transit de manière irrégulière sont, au Maroc comme ailleurs, un secteur de la population extrêmement vulnérable et d’autant plus en ces temps de crise sanitaire. Selon le sociologue Mehdi Alioua, ex- président du Groupe antiraciste d'accompagnement et de défense des étrangers et migrants (GADEM), « la majorité des régularisés ont perdu leurs emplois et les clandestins ne peuvent plus travailler dans l’informel ou mendier et presque 20.000 personnes auront du mal à assurer leur subsistance alimentaire ». D’après Alioua, « ceux en bas de l’échelle, comme les migrants, n’ont pas encore été pris en compte par l’Etat » fait qui a poussé la société civile à se mobiliser fortement pour leur venir en aide, aide qui se voit en même temps compromise par les limitations des déplacements. En ce sens, Alioua, rappelle que « la Fondation Orient-Occident avait déjà tiré la sonnette d’alarme début avril avec un communiqué prédisant, à court-terme, une véritable catastrophe humanitaire ». A cela, il faut rajouter, un autre problème découlant de la situation de clandestinité dans laquelle se trouvent beaucoup de migrant(e)s et dans laquelle sont tombé(e)s récemment nombre d’entre eux/elles dû à l’expiration de leurs des cartes de séjour. Au fait, ne pas avoir un titre de séjour ou en avoir un ayant expiré empêche les migrant(e)s de récupérer, au niveau des sociétés de transfert d’argent, les aides financières qui leur sont envoyées par la société civile quand il est pas possible pour celle-ci de leur faire parvenir l’aide de manière directe.
Les syndicats ont été les plus réactifs, au regard de l'impact direct de la pandémie et en particulier la stratégie du confinement suivi par le gouvernement marocain, sur les entreprises et les travailleurs. Pratiquement tous les secteurs ont été touchés.
Trois impératifs se sont posés pour défendre le droit à un travail décent:
La complexité de la gestion de ces questions s'est accrue en raison de la difficulté de se déplacer sur le terrain et s'enquérir de la situation et en même temps le devoir de réfléchir sur des solutions avec les parties prenantes, c'est à dire maintenir un type de dialogue social circonstancié.
La question du climat et de l'environnement est devenue une préoccupation concomitante à la question de la santé et la lutte contre le coronavirus. Les voix s’élèvent à travers le monde pour revoir les choix de développement tenant compte de ces deux dimensions. Nos partenaires actifs dans ce domaine, dans le cadre du débat en cours au Maroc sur le nouveau modèle de développement tiennent à intégrer les dimensions environnementales et sanitaires, à partir des faiblesses et des fragilités dévoilées par la crise sanitaire. Ils soulignent toutefois les aspects positifs de cette crise qui a permis à la planète de respirer par la baisse des activités polluantes. Un cycle de séminaires locaux est prévu le mois de juin pour sensibiliser et réfléchir sur la phase écologique post-covid-19 ,et les choix économiques pour faire face aux crises futures sanitaires, climatiques et financières.
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Amina, Boutaina, Batirtze sont les coordinatrices du programme au bureau de la FES au Maroc. Anas est un coordinateur de programme.
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